Institut pour l'Etude et la Conservation du Baobab

L’association INECOBA s’intéresse à développer et à promouvoir tous projets qui visent à étudier, protéger et sauvegarder les baobabs qui comptent déjà 6 espèces menacées inscrites sur la liste rouge l’IUCN parmi les 8 représentées dans le monde.

DATATIONS DE BAOBABS EMBLEMATIQUES DU SENEGAL

 

Mission DARABAO

 

Historique, contexte du projet

Au cours des dernières années, un certain nombre de très grands baobabs africain (Adansonia digitata) sont morts sans réels explications diminuant ainsi considérablement la population de ces baobabs emblématiques de l'Afrique. Cette subite mortalité de grands et vieux baobabs a été associée à une période de diminution prononcée des précipitations qui pourrait avoir commencé plusieurs siècles plus tôt. En 2006, une équipe internationale a été créée; elle regroupe des chercheurs de différentes nationalités (Europe, USA, Afrique) et cherche à comprendre les raisons de la disparition de ces géants de la savane. Ainsi, les recherches se sont orientés sur la datation au carbone 14 des plus gros baobabs du continent africain dont le but est de déterminer l'âge limite de cette espèce mais ainsi d'étudier les variations de croissance de cet arbre au cours de sa vie en fonction des fluctuations climatiques et pluviométriques.

Adrian Patrut, chercheur à l'université de Babes-Bolyai en Roumanie est le coordinateur principal de ce projet de recherche. Il est l'auteur de nombreuses publications internationales et ses études sur les baobabs en Afrique du Sud ont fait l'objet en 2010 d'un documentaire diffusé sur Arte intitulé : Le Baobab, Géant de la Savane.

Dans les régions tempérées, il est possible de connaître l'âge d'un arbre en étudiant et comptant les cernes annuels de croissance sur une section coupée. On parle alors de dendrochronologie. Dans le cas des arbres tropicaux, la détermination de l'âge est beaucoup plus difficile et complexe. L'existence de cernes annuels et/ou saisonniers n'est pas toujours distinguable. En effet, dans les régions où il existe une ou deux saisons des pluies, les arbres feuillus tropicaux montrent des cernes de croissances évidents. Par contre, dans les zones aux saisons moins marquées, voir absentes, les cernes de croissance de ces arbres sont moins distincts, discontinus, très irréguliers voir absents. Par conséquent, la datation précise des arbres tropicaux via la dendrochronologie n'est possible que dans cas très limités. De ce fait, l'utilisation du carbone 14 comme méthode directe de datation peut être utilisée, mais le coût élevé de ces analyses ne permet pas d'être employé systématiquement.

Le baobab africain (Adansonia digitata) est l'un des arbres tropicaux les plus connus et le plus représentatifs de l'Afrique. Le tronc énorme de certains spécimens laisse penser que le baobab a une grande longévité. Le baobab produit des cernes de croissance considérées comme saisonnières, mais qui ne peuvent être employées pour dater ces arbres pour deux raisons principales :

  • Les cernes de croissance ne sont pas visibles sur l'ensemble du tronc;
  • La présence systématique de grandes cavités internes empêche un hypothétique comptage.

Plusieurs études ont été effectuées sur différents spécimens africains de baobab pour déterminer l'âge des arbres, obtenir des taux de croissance ou encore pour fournir des informations sur le climat. Mais cette recherche a été limitée à dater des échantillons de bois sur des spécimens morts, qui, de plus, se décomposent très rapidement.

En 2007, 2 baobabs très connus en Namibie de part leur tronc énorme, le Grootboom et Dorslandboom, sont subitement morts; des échantillons de bois ont été datés démontrant ainsi pour la première fois que ces arbres pouvaient atteindre plus de 1000 ans, en l'occurrence au moins 1275 ans pour le premier. En 2008, ce sont des baobabs vivants qui ont fait l'étude de datation, en prélèvement des échantillons à l'intérieur des cavités internes de ces arbres. Il est également possible de procéder à des incisions profondes dans le tronc par une mini-tarière ce qui permet de recueillir des échantillons de bois au cœur du tronc. Cette fois-ci, les résultats obtenus de datation montrent que certains baobabs sont âgés de 1800 ans ce qui laisse suggérer que les plus vieux baobabs pourraient atteindre plus de 2000 ans.

De 2006 à 2010, ce sont au total 12 très gros baobabs situés au sud de l'Afrique : Namibie, Afrique du Sud, et Mozambique qui ont été datés. A ce jour, aucun baobab situé au nord de l'équateur n'a été étudié.

Les objectifs du projet

Ce projet de recherche vise à dater via la méthode du carbone 14 plusieurs baobabs remarquables du Sénégal car aucune datation n'a été réalisée. Ce sont des sujets de grande taille et/ou historique qui ont été sélectionnés pour cette étude. Les résultats des datations permettront de déterminer l'âge des arbres sélectionnés, la structure de leur tronc, la variation de sa croissance au cours de son cycle de vie ainsi que les corrélations possibles avec des fluctuations locales du climat et/ou des précipitations. Dans un contexte plus général, l'âge des échantillons offrira de nouvelles et intéressantes informations sur la limite d'âge du baobab africain.

On s'attend à ce que les objectifs proposés fournissent la réponse aux questions clé suivantes :

  • Quel âge ont les baobabs étudiés, c'est à dire, sont-ils des arbres "millénaires" ou de "multi-centenaire" ?
  • Les baobabs étudiés ont-ils un tronc unique ou sont-ils le résultat de plusieurs troncs de baobab ayant poussé les uns à côté des autres ?
  • Peut-on corréler les variations des taux de croissance des baobabs avec des fluctuations locales de précipitations ?
  • Avec les résultats obtenus, est-il possible de démontrer des périodes relativement longues de sécheresse au cours des siècles passés dans les secteurs étudiés ?

A ce jour, ce sont 4 à 5 baobabs qui ont été retenus dans le cadre de cette étude...photos et résultats de ce projet d'ici quelques semaines sur notre site internet.

Ce projet a reçu le soutien de la municipalité d'Aulnay-sous-Bois.