Institut pour l'Etude et la Conservation du Baobab

L’association INECOBA s’intéresse à développer et à promouvoir tous projets qui visent à étudier, protéger et sauvegarder les baobabs qui comptent déjà 6 espèces menacées inscrites sur la liste rouge l’IUCN parmi les 8 représentées dans le monde.

En dehors des utilisations thérapeutiques et alimentaires, le baobab est présenté comme un arbre fétiche, sacré, déifié et plein de mystères qui fait l’objet de culte et qui est hautement valorisé et respecté par les populations rurales. En effet, la représentation mythique et religieuse ainsi que les différentes valeurs culturelles attribuées au baobab sont reconnues comme telles par l’ensemble des groupes ethniques du Bénin, notamment les Fon du Sud qui entourent l’espèce d’un grand mythe. Pour ces derniers, tous les pieds de baobab servent d’abris aux mauvais esprits et par conséquent font le plus souvent l’objet d’une méfiance. Ceci explique d’ailleurs l’insuffisance des connaissances endogènes par les populations de cette localité du Bénin par rapport aux autres localités de la partie septentrionale où l’espèce est parfois liée à la vie de certaines couches socio-culturelle.

En milieu Otamari, le caractère divin ou non de l’arbre n’est révélé que par la consultation du « fa » qui précise le sacrifice correspondant qui varie en fonction des arbres. Parfois le caractère divin du baobab se révèle au propriétaire qui va consulter le «fa» à la suite d’un malaise ou d’un événement fâcheux dans la maison. Tous les baobabs ne sont donc pas des divinités. Ceux qui le sont se matérialisent par des morceaux de bois de Diospyros mespiliformis ou de Gardenia erubescens et/ou des morceaux de pierres. Chez les Dendi et Djerma (Nord-Bénin), les populations organisent chaque année un rituel autour des pieds de baobab sacrés, en début de la compagne agricole pour invoquer les dieux de la pluie. En milieu Otamari, au début de chaque saison de travaux champêtres, une partie des semences est présentée à ces baobabs divins pour demander leur clémence afin que la saison soit bonne. Ce même rituel est organisé lorsque les populations se trouvent dans des situations extrêmement difficiles (épidémies de maladies, sécheresse ou un malheur quelconque). A la fin de la cérémonie, un sacrifice est fait, en immolant à l’arbre un mouton blanc qu’on égorge ou un chien noir ou encore une vache noire.

Chez les Djerma, chaque guérisseur traditionnel a son pied de baobab fétiche où il fait régulièrement ses consultations. Le baobab intervient également dans les cérémonies de mariages et de baptêmes. Ainsi la pulpe et les feuilles de baobab sont souvent utilisées pour la préparation des différents mets à servir aux invités lors des cérémonies. En milieu Tchanga, après le décès des personnes très âgées c’est toute la grande famille qui doit se laver pendant une semaine avec une décoction de l’écorce de baobab pour conjurer les mauvais esprits. La culture Otamari accorde aussi une place de choix au baobab dans bon nombre de cérémonies traditionnelles. Le « Dikou » est une cérémonie d’enlèvement de deuil au cours de laquelle un morceau de branche de baobab bien emballé représente le défunt. Ce morceau de branche qui sera enterré reçoit les mêmes honneurs que le corps du défunt. Aussi, les cérémonies d’initiation du jeune Otamari (Difôni) et de la jeune Otamari (Dikountri) ont aussi lieu au pied d’un baobab. Il faut préciser que ces deux cérémonies d’initiation sont des fêtes très importantes dans la tradition Otamari.

Extrait de l'article "Connaissances ethnobotaniques et valorisation du baobab (Adansonia digitata) pour la sécurité alimentaire des populations rurales au Bénin" - A.E. Assogbadjo, J.T. C. Codjia, B. Sinsin, P. Van Damme - Plant genetic resources and food security in West and Central Africa - Télécharger l'article complet ici :  cliquer ici